Voici la diplomatie examinée selon un modèle inédit d'histoire culturelle et sociale : ce sont les expériences individuelles et collectives, les connaissances européennes sur l'Autre, non-européen, et les pratiques d'interaction – l'usage linguistique, le cérémonial des audiences, le tribut et le don entre autres – qui fournissent à l'analyse sa matière.
[...]
L'étude biographique, objet de la première partie, rend compte de la diversité du contexte socioculturel dans lequel évolue un consul et chargé d'affaires français près une cour maghrébine, à Tunis en l'occurrence. Christian Windler peint ce notable, expatrié, membre d'un corps d'intermédiaires spécialisés en voie de constitution, alliant l'expérience qu'il a des relations diplomatiques à celle qu'il fait de l'interaction entre les pouvoirs locaux et les autorités étatiques en France. Les trois parties suivantes saisissent l'évolution de la culture diplomatique, dans un milieu qui, durant le XVIIIe siècle, est marqué par la propagation des contacts pacifiques entre chrétiens et musulmans. Issu des révolutions de la fin du siècle, un nouvel ordre international met en question le système diplomatique jusqu'alors pluraliste. C'est désormais la prépondérance des puissances européennes qui façonne, différemment, la coexistence du diplomate et de l'Autre dans le bassin méditerranéen.